dimanche, avril 30, 2006

REPRISE


Lundi matin du côté d’Hakone (1H30 de voiture de Tokyo), je trempe dans une eau volcanique à 42°. De mon bain à ciel ouvert je regarde la mer et les bateaux de pécheurs qui rentrent au port. J’entends une route au loin, le bruit des vagues et du piano électrique.
Un peu plus tôt, au réveil, je trottine entre les 11 étages de l’hôtel désert à la recherche d’une canette de café, même froid, même sucré. Le service de chambre va bientôt apporter un petit déjeuner chargé d’iode et de phosphore, non négociable. Mais je ne suis pas japonais, n’ai pas non plus intention de le devenir et mon intégration au pays n’est envisageable qu’après café-jus d’orange et cigarette.

Mardi, le vol de 8H30 pour Fukuoka est rempli d’hommes aux costumes anthracites et chaussures bon marché. La société avec laquelle je travaille m'appelle 3 jours là-bas sur un motif pas très clair. 3 jours pour rien, à passer en pertes et profits. Je n’ai pas dormi et à 17H je suis épuisé comme jet-laggé à moins de 2 heures d’avion du point de départ.
Je m’échappe au café. Je pense aux chansons en chantier: un type tombe sur la voie en gare d’Akihabara, un autre feuillette des revues porno dans un combini, des gamins tournent dans des vans aux vitres fumées, tiennent le volant d’une main, le sexe dans l’autre. Je prends des photos d’espaces vides. Je vois les gens de dos.
A minuit, je fais semblant de monter dans ma chambre mais même ici je ne peux plus allumer la télé. Alors je sors chercher un bar où il pourrait se passer quelque chose. A 3H, les filles aux voix cassées tiennent leur place, travaillent encore. J'observe un gros poisson dans l’aquarium. Un autre se cache derrière une branche de bois mort.
Le troisième jour j’achète deux vinyles que je connais par cœur, juste pour le display: Heroes de David Bowie et Thousand knives de Ryuichi Sakamoto.
En fait, un mois plus tôt je voulais venir à Fukuoka retrouver quelqu’un mais elle est repartie en Europe depuis une semaine. Je n’aime pas cette ville et n'y ai rien vu puisqu’elle est vide.