jeudi, mai 04, 2006

DEAN MARTIN

Après-midi de promenade ensoleillée dans le quartier de Kagurazaka. Très doux. Un bon endroit à vivre je pense.
Au Mugimaru café je bois des bières avec un boxeur amateur:
Le corps a toujours raison dit-il. Un oiseau qui décide de voler vers le sud n’a pas développé de théorie sur la question mais il a quand même raison. (...) La ligne droite est le plus court chemin du point A au point B, mais je tournerai toujours à gauche si mon corps me le demande.
Le boxeur a besoin d’être épuisé, de toucher ses limites physiques pour se sentir vivre . Il me dit que c’est sa recette du bonheur. Il me demande ce dont j’ai besoin pour être heureux. Tenté de citer Dean Martin en répondant “une bonne pipe, une bouteille de scotch et 10 000 dollars”, j’esquive en parlant de fabriquer des choses, des chaises ou des chansons. Ensuite, je ne reçois la discussion que par bribes: “Il faut dépasser les mathématiques. Tu fais le calcul et puis tu jettes le calcul”. Des trucs comme ça. A la fin, le boxeur s’endort devant sa bière.

Mon IPod n’a pas assez de mémoire pour supporter 1050 chansons. Moi non plus. Une douzaine me suffirait.

A 34 ans j’essaie de me raisonner. Les chansons sont toujours là et avancent par accoups. La plus vieille à 4 ans. Difficile de devenir la révélation pop franco-nippone tout en continuant de:
1, 2 et 3 - améliorer mon japonais pour qu’en cas de paternité je puisse expliquer à la mère pourquoi j’aimerais qu’on garde l’enfant et qu’elle me garde aussi. Puis un peu plus tard, pour éviter les situations du type “Désolé, papa pas comprendre, demande à maman”.
4, 5 et 6 - m’habiller chez Dior (par exemple), ce qui suppose des moyens physiques puisque Hedi Slimane n’a pas prévu de place pour les poignées d’amour, et financiers. Donc, ne pas m’éloigner des salles de sport et donner autant de temps et d’énergie que nécessaire au développement de mes petites affaires.
Mais je suis incapable de sacrifier quoi que ce soit, alors je laisse venir. Je laisse les choix se faire naturellement et continue à aller dans le sens d'une vie pleine de tout.

Je crois qu'il y a juste l’espace d’une main entre son cou et la pointe du menton.